RENCONTRE

MONTRÉAL ⏐ @dsqflo ⏐ Avril 2023

"J’ai baigné dans les beaux vêtements depuis tout jeune. Ma mère est une femme élégante. J’ai donc été rapidement initié à la chose car elle accordait beaucoup d’importance à mon allure vestimentaire."

Pour ce nouvel épisode, je vous propose de partir à la rencontre de Florian aka @dsqflo.  Florian a fait le choix de partir vivre à Montréal. Au travers de cette rencontre, on y parle de ses inspirations, de son amour pour la musique et le vintage. Florian nous partage aussi ses bonnes adresses à Montreal.

MIW : Peux-tu te présenter ? 

F : Je m’appelle Florian, j’ai 30 ans. Je suis ingénieur en électronique et informatique et j’ai co-fondé une start-up en cybersécurité. Ayant vécu en Ile de France depuis toujours, j’ai fait le choix de tenter l’aventure à l’étranger. Montréal au Canada a donc été ma cible pour devenir entrepreneur et vivre une nouvelle vie à la fois dynamique et plus proche de la nature !

MIW Comment as-tu commencé à t’intéresser à la mode homme ?

F : J’ai baigné dans la mode et les beaux vêtements depuis tout jeune. Ma mère, d’origine africaine, est une femme élégante. J’ai donc été rapidement initié à la chose car elle accordait beaucoup d’importance à mon allure vestimentaire. Malgré ses moyens très modestes, elle tenait absolument à ce que je porte de la qualité quand c’était possible. Je me souviens qu’à l’école primaire et au collège, je portais quelques vêtements Ralph Lauren, Petit Bateau, Cerruti ou encore Marks & Spencer ! 

Puis c’est en arrivant au lycée qu’un de mes oncles m’a fait découvrir une chaîne câblée nommée « Fashion TV ». Je ne sais pas si elle existe encore mais c’était une chaîne dédiée à la mode, aux défilés et au mannequinat 24h/24. Cet univers me fascinait et je passais des heures entières devant leurs émissions pour apprendre et trouver des inspirations audacieuses ! Pour la petite histoire, mon pseudo @dsqflo s’inspire de la marque DSQUARED² qui avait présenté un défilé incroyable pour leur collection automne/hiver 2013. Les deux frères jumeaux Dean et Dan Caten ont puisé leur inspiration dans le jazz des années 40 mais également le military et le workwear. En bref, que des choses que j’aime !

« Je puise mon inspiration à plusieurs endroits à vrai dire (…) Je décrirais mon style comme étant versatile car il se nourrit d’univers différents »

MIW : Quelles sont tes inspirations en matière de mode ? 

F : Je puise mon inspiration à plusieurs endroits.

Tout d’abord, Instagram joue évidemment un rôle majeur car j’utilise l’application quotidiennement. Je suis beaucoup de personnes qui m’inspirent et m’ouvrent l’esprit sur de nouveaux styles et tendances. Ça peut être des directeurs artistiques, des créateurs de contenu, des couturiers, des photographes, des journalistes, des conseillers de vente en boutique ou encore de simples amateurs comme moi. De plus, pendant pas mal d’années, Nick Wooster a été l’une de mes icônes masculines préférées !

J’apprends également beaucoup grâce au cinéma et aux tenues portées dans certains films emblématiques réalisés par Spike Lee, Martin Scorsese, Baz Luhrmann ou même Stanley Kubrick.

Do The Right Thing par Spike Lee

Sans oublier les musiciens afro-américains de jazz des années 50 et 60 comme Miles Davis ou John Coltrane pour ne citer qu’eux, mais aussi des artistes de la soul des années 60 et 70 comme James Brown, Sam Cooke, Marvin Gaye, Curtis Mayfield et j’en passe…

Miles Davis
John Coltrane
Marvin Gaye
Curtis Mayfield
Sam Cooke

Enfin, ce serait dommage de ne pas mentionner les gens que je peux croiser dans la rue avec des styles très inspirants !

MIW : Comment décrirais-tu ton style personnel ?  

F : Je décrirais mon style comme étant versatile car il se nourrit d’univers différents. 

J’ai une passion pour l’art tailleur, l’horlogerie et la botterie car le côté artisanal, rigoureux et créatif m’a toujours impressionné. Mes tenues sont donc souvent composées de pièces élégantes.

J’aime également le military et le workwear car ce sont deux domaines complémentaires et précurseurs de beaucoup de vêtements que nous portons aujourd’hui. Ce côté « héritage » est très stimulant et riche en histoire.

Étant aussi un enfant du Hip Hop et des années 90, j’intègre quelques pièces vintages liées à l’univers sportswear et streetwear américain.

Je pioche également des choses dans le style Ivy League / Preppy américain.

Enfin, j’essaie d’apporter une touche Far West à mes tenues grâce à de belles ceintures Western.

MIW : Comment celui-ci a-t-il évolué avec le temps ? 

F : Tout a réellement démarré au lycée. J’arpentais énormément Paris et La Vallée Village (centre commercial en plein air avec des outlets haut de gamme) pour trouver de beaux vêtements. Je m’habillais également pas mal chez Zara à l’époque. L’idée était de constituer un dressing avec des basiques pas trop chers et des pièces de créateurs avec plus de caractère.

Puis, durant mes études supérieures, et plus particulièrement en école d’ingénieur (cursus par alternance), je portais une semaine sur deux des tenues élégantes (costumes, blazers, chemises, souliers et cravates parfois). Travailler en entreprise était quelque chose de sérieux donc je tenais à m’habiller en conséquence. Lors de mes semaines de cours j’étais habillé de manière plus décontractée avec peu de prise de risque tout de même.

Une fois mes études terminées, j’ai intégré un cabinet de conseil en IT dans lequel j’ai pu travailler pour un client où le costume était bien vu mais pas obligatoire. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment exploré l’univers « sartorial ». Durant mes temps libres, je trainais beaucoup sur les blogs et forums. Je passais des heures à discuter avec des professionnels et tailleurs en boutiques à Paris pour en apprendre davantage. J’adorais déposer mes vêtements chez mes retoucheurs. Je n’hésitais pas à lécher la moindre vitrine d’horlogerie suisse à Paris. J’ai d’ailleurs acheté ma première montre chez Longines une fois mon diplôme d’ingénieur obtenu. Je trainais également beaucoup chez Septième Largeur. En bref, je m’épanouissais et prenais énormément de plaisir à approfondir ce domaine.

En parallèle, je m’habillais de manière un peu plus conventionnelle et plus sage hors des moments formels et professionnels.

Petit à petit, j’ai découvert l’univers du vintage sur Instagram, notamment grâce aux japonais et aux italiens qui maîtrisent ce style à la perfection.

J’ai commencé à mixer mes vêtements élégants avec des pièces militaires et workwear chinées dans des magasins spécialisés, et j’ai surtout découvert les richesses des Puces de Saint Ouen.

En fait, c’est vraiment depuis le confinement et la « casualisation » des tenues, que je me suis passionné de vintage. Plus de besoin de porter le costume, puisque je n’allais plus au bureau. En plus, j’avais déjà constitué un vestiaire élégant bien fourni, et je souhaitais désormais y ajouter des vêtements plus casual. C’était la suite logique de ma découverte du vêtement plus créatif, et cela a évidemment concordé avec une approche plus décontractée du vêtement. C’est grâce au vintage que j’ai laissé place à plus de créativité et que j’ai eu envie de prendre plus de risques.

MIW : Quel serait ton look signature ? 

F : Question difficile ! Mes looks diffèrent chaque jour et j’aime pratiquement tous mes vêtements, car je pense qu’ils me représentent pleinement. 

Je pense que mon look idéal se situe à la croisée de tous mes univers. Je crée toujours une tenue en partant du pantalon, taille haute et bien coupé, dans une belle laine ou un beau coton. Ensuite, mon look signature est composé de plusieurs strates, avec du layering. En ce moment, je porte beaucoup de manteaux raglan en laine, avec ou sans ceinturage, une veste en denim vintage et patinée, un col roulé en laine mérinos, mes hiking boots en cuir suédé. Je complète toujours par une ceinture, un bonnet ou une casquette, une paire de lunettes de soleil, et sans jamais oublier une jolie montre. Quand la température me le permet, je n’hésite pas à sortir mes mocassins à pampilles ou mes Converse.

MIW : Est-que la création de contenu sur les réseaux sociaux a également influencé ton style ? 

F : Très bonne question ! La création de contenu que je propose est selon moi un vecteur de communication pour présenter mon style et mes goûts. Cependant, je vois bien que j’ose et je tente davantage de choses audacieuses sur Instagram. J’aurais probablement testé les mêmes choses à un moment ou à un autre, mais je pense que le partage avec des passionnés me stimule et me donne envie d’exposer mes idées.

MIW : Tu vis à Montréal, j’imagine que cela a dû aussi influencer ta manière de t’habiller notamment en hiver, aurais-tu d’ailleurs des conseils à nous donner sur comment rester élégant par -10° ?

F : C’est vrai que les conditions météo à Montréal ne sont pas toujours faciles. J’ai appris à superposer les couches, à porter des vêtements confortables. À Paris, je ne portais pas de vêtements techniques, ici c’est primordial.

Il faut investir dans une bonne doudoune et dans des « combines », comme on dit au Québec, c’est-à-dire un legging chaud et un haut à manches longues près du corps qui conserve la chaleur (très souvent un mélange de mérinos et de matière synthétique). 

Le layering est la clé : de bons pulls en laine, un pantalon épais (les jeans sont déconseillés par très grand froid) et des chaussettes en laine mérinos. De bonnes bottes pour affronter la neige apportent un confort plus qu’apprécié. Il ne faut pas oublier le bonnet et les gants (en laine pour les moments moins froids, en tissu technique pour les sports d’hiver ou le grand froid). Après, il faut savoir que les gens d’ici ont l’habitude, ils ne font pas tout un cas d’un -10 degrés.

MIW : Quelles seraient, selon toi, les pièces que l’on devrait tous avoir dans sa garde-robe?

F : Je pense qu’il est primordial de souligner le fait que nous n’avons pas tous le même style. Et que mes conseils ne peuvent convenir qu’à ceux qui s’intéressent à mon esthétique.

Loin de moi l’idée d’imposer une version unique du vestiaire masculin. L’important est d’avoir de bons basiques (c’est la base, lol), mais aussi des pièces de caractère, qui te ressemblent et qui te font vraiment plaisir.

Pour les personnes qui peuvent s’identifier à mon style, je conseillerais les pièces suivantes :

  • Un costume droit bleu marine bien taillé et avec une coupe impeccable
  • Un manteau en laine à épaules raglan
  • Un blouson en cuir de type A1 ou perfecto par exemple
  • Une trucker jacket en denim vintage
  • Un trench coat ou rain coat pour les temps pluvieux
  • Une chemise OCBD bleue ou blanche
  • Une cravate en soie
  • Un jean 501 vintage
  • Un bon chino taille haute et ample, bleu marine ou beige 
  • Un pull en laine écossaise de type Shetland par exemple
  • Un débardeur blanc
  • Une chemise à col cubain et manches courtes
  • Une paire de mocassins de type penny loafer ou tassel loafer
  • Une paire de derbies anglaises
  • Une paire de Converse ou deck shoes
  • Une ceinture en cuir de type western
  • Une casquette de type baseball
  • Une paire de lunettes en acétate à branches épaisses
  • Une montre de plongée en acier
  • Un polo en coton ou en laine

MIW : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui chercherait à améliorer son style vestimentaire?

F : Lire énormément sur le sujet, comprendre l’histoire des vêtements que l’on porte, éduquer son œil quotidiennement, essayer de nouvelles choses, prendre des risques et sortir de sa zone de confort, échanger avec d’autres passionnés et surtout garder un esprit toujours ouvert !

MIW : Quelles sont tes marques préférées de vêtements, chaussures et accessoires ? 

F : Je ne suis pas vraiment attaché à une ou plusieurs marques en particulier. L’important pour moi réside dans la qualité, la confection, la coupe, les détails et le story telling.

Pour citer quelques marques que j’aime porter :

MIW : Parlons un peu de ton activité sur les réseaux sociaux, quand as-tu commencé et pourquoi ? 

F : Mon compte Instagram a été créé en 2014 si je me souviens bien. Je postais essentiellement des photos de vacances et de Paris. Je n’exposais presque jamais mes tenues ; je consommais plus que je ne postais à vrai dire. Pour être franc, je n’ai rien posté entre 2016 et 2020

Ce n’est qu’à partir de la fin 2020, qu’un de mes cousins, passionné de vêtements également, m’a motivé à partager cette passion avec le monde extérieur. Au début, j’hésitais franchement à le faire car je souhaitais préserver ma vie privée et mon image. Ça a commencé timidement par des stories par-ci par là avec mon compte en privé à l’époque. Puis j’ai fini par m’assouplir et prendre du plaisir à partager à partir de mars 2021 de manière publique, avec, notamment, mes fameuses stories devant les boîtes aux lettres du lobby de mon appartement, lol.

Mon profil Instagram a donc trouvé une nouvelle vie il y a 2 ans exactement.

MIW : Qu’est-ce qui t’inspire dans ton travail de création de contenu sur les réseaux sociaux ? 

F : Ces dernières années, la musique a pris une place importante dans ma vie quotidienne, encore plus qu’auparavant. Il faut savoir que j’adore écouter un bon vinyle en me préparant, ça fait partie de ma petite routine. À la maison, la musique est toujours en trame de fond et j’ai commencé à associer mes deux passions (avec le vêtement, donc) dans mes Reels. Il m’arrive très souvent de penser à un morceau, un album ou un artiste, pour ensuite créer une tenue inspirée. 

J’avais aussi envie de dédramatiser ce côté très « sérieux » des réseaux et des influenceurs en faisant quelques pas de danse sans me prendre au sérieux. J’ai toujours adoré danser et je pense que cela fait désormais partie de mon identité créative. C’est ce qui m’inspire côté Reels.

Côté photo, j’adore l’architecture et je suis toujours attentif aux lieux qui m’entourent afin de prendre des photos dans des lieux intéressants. Voyager aide, c’est sûr, mais j’aime aussi trouver des petites ruelles, des murales ou des parcs, dans mon quartier ou mon quotidien.

MIW : Comment choisis-tu les vêtements et les accessoires que tu mets en avant sur tes contenus ? 

F : Je fonctionne beaucoup au feeling, à l’humeur et à la météo du jour. Parfois, je fais certaines collab avec des marques, donc inévitablement je mets ces marques de l’avant, c’est le principe. Mais je collabore uniquement avec des marques qui me ressemblent et que j’ai souvent en ligne de mire.

MIW : Tu vis à Montréal, est-ce que la façon de s’habiller est différente de ce que tu peux voir en France ? 

Oui quand même. Les gens n’ont pas le même rapport au vêtement et à l’élégance qu’à Paris. Le style élégant à la française, à l’italienne ou à l’anglaise n’existe pas vraiment ou alors très très très peu. 

Ici, on s’habille beaucoup de manière utilitaire et pratico-pratique. Peu de gens portent le costume par plaisir par exemple. J’ai donc appris à réadapter mon vestiaire en fonction des conditions, de mes relations humaines et de la vibe actuelle. L’important est de garder ma personnalité avec une certaine adéquation au monde qui m’entoure.

Faut savoir qu’en hiver, les québécois n’expriment pas autant leur personnalité stylistique qu’en été. Les gens restent discrets en hiver et à partir du milieu du printemps, il y a plus de folies. Je le remarque petit à petit !

MIW : D’ailleurs, aurais-tu quelques adresses à nous partager pour passer un week-end à Montréal (boutique, friperie, restaurant, bar…) ?  

F : Clark Street Mercantile, École de pensée, GS Douville, Rooney, Harry Rosen pour les vêtements.

Je conseille Tris Coffin pour les lunettes.

Allez faire un tour chez PALMO GOODS. C’est le meilleur shop vintage de Montréal selon moi.

Concernant les friperies, je recommande MervmatsuiMarché Floh, LNF et RE UP.

Profitez d’un bon dîner chez Knuckles Cantine & Vins, au Monarque, au Mélisse ou chez Pichai.

Vous mangerez des bonnes poutines à La Banquise ou chez Ma Poule Mouillée.

Brunch chez Régine Café ou chez Méson.

Prenez une bonne bière à l’Isle de Garde, Helm ou chez EToH.

Pour les amateurs de vins, je vous conseille Vin Mon Lapin et Vin Vin Vin.

MIW : Comme on peut le voir sur ton compte insta, tu as une belle collection de vinyles, quel est le disque dont tu ne peux pas te passer ? Pourrais-tu nous recommander 10 chansons à absolument écouter ? 

F : Sans hésiter What’s Going On de Marvin Gaye.

Concernant les recommandations, voici mes musiques du moment :

MIW : Le mot de la fin ? 

F : Faites-vous plaisir, testez des choses, explorez de nouveaux horizons, trompez-vous, discutez avec les anciens et professionnels du secteur, échangez avec vos proches aussi car ils peuvent être de bon conseil. Enfin, faites confiance à votre instinct !

Une nouvelle fois un grand merci à Florian de s’être prêté au jeu des questions/réponses. Si vous avez aimé cette interview, je ne peux que vous inviter à aller suivre ce que fait Florian sur son compte Instagram : @dsqflo.

5 réflexions sur “Rencontre avec Florian du compte @dsqflo”

  1. Super interview.

    Sur la question de la définition du style de Florian, c’est assez intéressant car on voit qu’il aurait du mal à le définir avec un seul terme. On connaît tous certains registres (workwear, soft tailoring, sartorial, streetwear, ou même des choses plus niches comme le « street heritage ») mais il tire son inspiration d’un grand mélange qu’il serait difficile à étiqueter.

    Ce qui m’intéresse aussi, c’est qu’il n’est surtout pas le seul dans ce cas. Un grand nombre de créateurs de contenus (comme Kevis Manzi) ou de marques (Aimé Léon Dore) s’orientent aussi vers une fusion de tout un tas d’univers. Je me demande si ces styles « fusion » relèvent d’une façon un peu nouvelle d’envisager le vêtement, si c’est une sorte de nouveau courant qui n’aurait pas encore été étiqueté.

  2. Ping : MIW Radio x Florian aka @dsqflo – maninwave.com

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